Chirurgie viscérale et digestive

Chirurgie de la thyroïde

Qu’est-ce que la thyroïde ?

 

La thyroïde est une glande en forme de papillon située dans le cou, devant la trachée. Les deux nerfs qui commandent les cordes vocales s’appellent les nerfs laryngés récurrents et se trouvent juste derrière la thyroïde. On ne peut pas la voir ni la palper sauf lorsqu’elle augmente de volume, car elle provoque alors un gonflement du cou, appelé goitre.

 

La glande thyroïde produit les hormones thyroïdiennes qu’on appelle T4 et T3, contrôlant la croissance et le métabolisme.

 

Si la thyroïde ne fonctionne pas bien, l’organisme consomme de l'énergie plus lentement ou plus rapidement qu’il ne le devrait.

 

Certaines pathologies de la thyroïde peuvent être suivies et traitées avec des médicaments, par exemple l’iode radioactif et les antithyroïdiens. Il existe 4 différentes pathologies de la thyroïde nécessitant une chirurgie :

  • le goitre,
  • le nodule thyroïdien,
  • l’hyperthyroïdie,
  • le cancer de la thyroïde.

 


 

En cas de chirurgie

 

Si vous devez subir une chirurgie de la thyroïde, voilà quelques informations qui peuvent vous être utiles.

 

Lorsqu’un·e patient·e bénéficie d’une chirurgie thyroïdienne, il est nécessaire de venir le matin de l’intervention à l’hôpital à jeûn.

L’intervention nécessite une anesthésie générale avec une hospitalisation de deux jours pour bénéficier d’une surveillance la nuit après l’opération.

 

L’incision se fait dans un pli du cou et mesure 4 à 6 cm. Pendant l’opération, un appareil appelé neuromonitoring est utilisé. Il permet de repérer le nerf laryngé récurrent qui innerve les cordes vocales. Grâce à cet outil le risque de lésion du nerf récurrent lors d’une chirurgie est inférieur à 1%. En cas d’irritation du nerf laryngé pendant la chirurgie, la voix est légèrement modifiée, comme éraillée, mais ceci est provisoire et ne dure que quelques semaines.

Un deuxième outil utilisé pour la thyroïdectomie est la fluorescence permettant de visualiser les glandes parathyroïdes qui sont juste à côté de la glande thyroïde, dont le rôle est l’équilibre du calcium. Les glandes parathyroïdes doivent rester en place sans être dévascularisées. L’outil de la fluorescence permet de diminuer significativement le taux d’hypocalcémie en post-opératoire (<5%).

Les autres risques opératoires sont les infections de la cicatrice (<5%) et les hématomes post-opératoires (<5%).

 

L’intervention dure 90 minutes si un seul lobe est enlevé, ou 120 minutes en cas de thyroïdectomie totale. Après l’opération, le ou la patiente peut boire et manger, dès son réveil et sans restriction.

 

Les fils mis à la peau sont résorbables et il n’y a pas de fils à enlever. Le pansement est fait à base d’une colle protectrice et il est donc possible de se doucher dès le lendemain de l’intervention. Il n’y a pas de restriction sur la mobilité. Le lendemain de la chirurgie le ou la patiente commence à prendre la substitution hormonale en cas de thyroïdectomie totale. La convalescence et l’arrêt de travail sont courts et varient de 3 à 10 jours. Une consultation est planifiée deux semaines après l’intervention avec un contrôle chez son endocrinologue 6 semaines après l’opération pour contrôler la fonction thyroïdienne.


Le goitre

Le goitre est une affection de la thyroïde qui se caractérise par une hausse de la taille de la glande thyroïde, légèrement en-dessous de la pomme d’Adam. Parfois d’origine familiale, cette maladie touche plus les femmes que les hommes et sa fréquence augmente avec l’âge.

Les habitant·es des régions montagneuses sont davantage concerné·es en raison d’une carence en iode dans le sol (élément essentiel des hormones thyroïdiennes). En Suisse, comme dans les autres pays développés, le sel alimentaire enrichi en iode a cependant permis de diminuer le nombre de goitres. A noter que des facteurs congénitaux ou certaines affections peuvent aussi provoquer des goitres.

Outre leur aspect inesthétique, la plupart des goitres sont bénins et n’entravent généralement pas la fonction normale de la thyroïde. L’agrandissement de cette glande peut toutefois mener à une compression des organes voisins et gêner la déglutition, la parole ou la respiration. 

Le traitement varie selon la cause et la sévérité du goitre. Ce dernier peut rester de taille restreinte, sans influencer la sécrétion des hormones ni créer de compression. Dans ce cas, nous proposons un suivi endocrinologique régulier comprenant une palpation, une échographie et un bilan sanguin. Le traitement chirurgical est indiqué lors de goitres très inesthétiques ou gênants au niveau du cou, entraînant une hyperthyroïdie. L’intervention vise l’ablation complète ou partielle de la glande et s’appelle thyroïdectomie. Un traitement chirurgical est alors proposé, le plus souvent par une incision au niveau du cou (cervicotomie).

Le nodule thyroïdien

Le nodule thyroïdien est une excroissance très fréquente de la glande thyroïde. Elle concerne en majorité les femmes et son incidence augmente avec l'âge. Si une échographie était pratiquée chez des femmes de plus de 50 ans, on découvrirait un nodule thyroïdien chez une femme sur deux.

 

D’origine inconnue, le nodule est souvent constitué de cellules thyroïdiennes, mais renferme parfois aussi du liquide. On distingue les micronodules (moins d’un centimètre) inoffensifs, les kystes (nodules remplis de liquide), les nodules inflammatoires lors de thyroïdite, les adénomes thyroïdiens (tumeurs bénignes) et les nodules cancéreux.

 

La plupart des nodules thyroïdiens sont bénins et ne nécessitent pas de traitement. Seul un petit nombre requiert une prise en charge chirurgicale dans trois situations bien définies :

  • le nodule provoque une hyperthyroïdie,
  • le nodule est de grande taille et entraîne une compression ou une déviation de la trachée ou de l'œsophage avec gêne locale,
  • le nodule revêt un caractère suspect ou cancéreux.

 

En présence d’un seul nodule, on propose le plus souvent une ablation partielle de la thyroïde (lobectomie unilatérale). En cas de nodules sur les deux côtés de la thyroïde, une thyroïdectomie totale peut-être envisagée.

L'hyperthyroïdie

L'hyperthyroïdie désigne une sécrétion excessive d’hormones thyroïdiennes. Une surcharge d’iode, un goitre, des nodules thyroïdiens ou certaines maladies congénitales peuvent être à l’origine d’une hyperthyroïdie. La cause principale est la maladie de Basedow (ou de Graves), une affection auto-immune touchant en majorité les femmes. Elle est caractérisée par la présence d’anticorps stimulant la production d’hormones thyroïdiennes. La maladie de Basedow est parfois liée à d’autres maladies auto-immunes (comme le diabète) ou au stress. L’hyperthyroïdie nécessite toujours un traitement.

 

En plus des symptômes généraux (fatigue, nervosité, perte de poids, tremblements, etc.), l’hyperthyroïdie peut conduire à des complications telles que l’ostéoporose ou des troubles du rythme cardiaque. Souvent prescrits en première intention, les médicaments antithyroïdiens de synthèse sont très efficaces dans la plupart des cas. Si le traitement médicamenteux ne suffit pas ou ne peut pas être stoppé après plusieurs mois ou années, une ablation de la thyroïde, par iode radioactif ou par chirurgie, est envisagée.

 

Dans certaines situations où les chances de guérison sans chirurgie sont très faibles, on propose l’ablation précoce de la thyroïde quelques mois après le diagnostic de maladie de Basedow. Le choix de la méthode, iode radioactif ou chirurgie, dépend de plusieurs facteurs et des préférences du ou de la patiente. 

Le cancer de la thyroïde

Le cancer de la thyroïde touche les cellules de la glande thyroïde. L’augmentation du nombre de cas diagnostiqués est en grande partie due à l’amélioration du dépistage et à l’ablation plus systématique des nodules suspects. Les cancers de la thyroïde touchent davantage les femmes que les hommes. L’exposition à des rayons ionisants durant l'enfance (radioactivité, rayon X,) constitue un facteur de risque, ainsi que la carence en iode.

 

On distingue différents cancers de la thyroïde : 

  • les cancers différentiés,
  • les cancers anaplasiques,
  • les cancers médullaires.

 

Les cancers différentiés (papillaires et folliculaires) sont peu invasifs et les cellules thyroïdiennes gardent leur capacité de capter l’iode. Ils représentent la grande majorité des cancers thyroïdiens. Le traitement du cancer de la thyroïde implique presque toujours une chirurgie. Il consiste en une thyroïdectomie (ablation de la glande) totale ou partielle, associée parfois à l’ablation de certains ganglions du cou.

 

Après la chirurgie, l’administration d’iode radioactif assure l’élimination des éventuelles cellules thyroïdiennes restantes et diminue le risque de récidive. Le traitement par iode radioactif n’est pas systématique et dépend du stade de la maladie. Il est indiqué dans environ 50% des cas. Lors de l’ablation totale de la thyroïde, il est nécessaire de prendre à vie des hormones thyroïdiennes de substitution (la thyroxine, T4).