Entrevue avec le Docteur Thomas Nierle, nouveau directeur médical du GHOL

Le mardi 1er mars 2022, le Docteur Thomas Nierle débute officiellement sa nouvelle fonction de Directeur médical du GHOL, poste occupé à 80%. Après plusieurs semaines de passation avec son prédécesseur le Dr Laurent Christin, voici l’occasion de découvrir son parcours et ses premières impressions sur le GHOL.


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Le Docteur Thomas Nierle, nouveau directeur médical du GHOL

 

Né en Allemagne, le Docteur Nierle effectue sa formation médicale dans ce pays, où il obtient son premier poste de médecin assistant à l’Hôpital Universitaire d’Ulm, en 1994, au service d’hématologie et oncologie.

La formation post-graduée initiale se déroule sur une période de trois ans et demi, dont une année à Berlin. En parallèle, il effectue beaucoup de recherches scientifiques et se rend notamment à San Diego (Etats-Unis d’Amérique) pour compléter son apprentissage. Le parcours semble tracé pour une carrière universitaire.

En 1997, le Docteur Nierle décide de partir au Tibet en tant que médecin d’expédition alpiniste, conclue par l’ascension du Mont Cho Oyu (8 201 mètres). C’est un premier tournant avec la rencontre sur le terrain d’acteurs de l’association Médecins Sans Frontières (MSF).

 

Préparé en termes de connaissances médicales, Thomas Nierle voit l’opportunité d’y mêler son intérêt pour la solidarité internationale et s’engage comme médecin pour MSF.

Sa première mission se déroule en Afghanistan, lors du conflit entre l’Alliance du Nord et les talibans. Le médecin intervient des deux côtés d’une ligne de front très active, livrant une assistance médicale et humanitaire. Il retournera deux fois en Afghanistan, se rendant également en Afrique toujours dans le cadre de conflits armés, mais aussi au Mozambique lors d’une épidémie de choléra.

 

Ces différentes actions l’amènent vers une prise de responsabilités, puis au poste de Responsable des programmes d’urgence à Genève, pour une première expérience en Suisse, en 2000.

Cette mission nécessite de multiples déplacements et interventions sur le terrain (en Afrique et au Moyen-Orient principalement), en tant que coordinateur en chef des opérations, afin de s’assurer que tout est en ordre, s’enquérir des besoins… L’activité médicale laisse place à la gestion et l’accompagnement des projets d’urgence : famines, guerres, épidémie, catastrophes naturelles, etc…

En 2001, Thomas Nierle devient directeur des opérations de MSF Suisse : 1 000 collaborateurs répartis dans 20 pays différents, avec une quarantaine de projets à gérer. Dans une période extrêmement tendue après les attentats à New-York, ce poste à forte responsabilité marque un nouveau tournant dans sa carrière, avec l’enlèvement – dans le Caucase - du chef de mission de MSF Suisse qui entrainera deux ans de « calvaire », de longues négociations avec des gouvernements et des criminels de guerre.

 

Son collaborateur heureusement libéré en 2004, le Docteur Thomas Nierle décide de faire un « break » et de terminer sa formation médicale d’interniste à Sion et à Sierre.

Aux HUG, il achève la spécialité en médecine d’urgences avant de prendre la direction de l’Hôpital du Jura Bernois, un « hôpital à taille humaine » où il occupe le poste de chef de service de médecine et responsable des urgences de 2009 à 2014. En 2014, le Dr Nierle est élu Président du Conseil d’Administration de MSF-Suisse – fonction avec une forte connotation de politique internationale humanitaire.

En conservant une activité médicale en Suisse, il occupe en parallèle le poste de Directeur Médical à l’HJB. De nombreux projets seront menés même si le conflit cantonal Berne-Jura à Moutier placera l’hôpital, premier employeur de la ville, au cœur de tensions compliquant sa mission première. A la fin de ses différents mandats en 2019, Thomas Nierle projette de se donner du temps pour l’une de ses passions : la photographie animalière.

 

Adepte d’alpinisme, il aime partir à la rencontre de la faune sauvage. Il s’adonne également à la photographie sous-marine et prévoit un stage d’instructeur de plongée à l’étranger au printemps 2020. Le COVID-19 ne lui laisse pas cette chance.

Le Docteur Nierle reprend alors sa mission au service de la population et travaille à temps partiel en tant que médecin agréé à l’Hôpital du Jura Bernois et à l’Hôpital du Jura (Delémont/Porrentruy).

Au GHOL, le Directeur Médical Dr Laurent Christin prenant sa retraite de cette fonction, un successeur est recherché (le Docteur Christin devient, à compter du 1er mars 2022, Médecin agréé en maladies infectieuses et conserve ses responsabilités de Président du comité d’hygiène et prévention de l’infection du GHOL. Il propose des consultations ambulatoires chaque semaine, qui sont dédiées à la médecine interne généralel’infectiologie et la médecine du voyage). Depuis son expérience aux HUG, le Dr Nierle conserve une bonne image du GHOL, hôpital bien dimensionné avec de bonnes conditions de travail. Il postule et est conforté dans son idée de démarrer un nouveau défi professionnel sur un poste connu, dans un contexte et un hôpital différent.

 

Désormais, il s’agit d’envisager ces premières semaines dans ce nouveau rôle, au GHOL…

Il faudra du temps pour rencontrer tout le monde : après cette 5ème vague, il souhaite laisser aux équipes le temps de retrouver un rythme sain pour de nouveau construire ensemble. Le Docteur Nierle a la volonté de mener à terme les projets actuels avec une attention particulière pour les collaboratrices, les collaborateurs et la patientèle : « On peut monter des murs partout, mais ce ne sont pas les murs qui font l’hôpital. Ce sont les gens. »

Il souhaite porter une attention personnelle aux conditions de travail, au bien-être du personnel dans le cadre des nouveaux projets, à la communication entre tous les services. Son rôle sera de trouver les équilibres entre le développement de l’établissement, la qualité des soins, la santé financière mais aussi la bienveillance envers ceux qui y travaillent et ceux pour qui on travaille.

Le nouveau Directeur médical souhaite conforter une vision médico-soignante qui passe par le « décloisonnement » et le développement de l’hôpital « hors de ses murs ». Cela signifie un travail en réseau avec les autres professionnels de la santé, les médecins installés, les professionnels paramédicaux, les établissements hospitaliers et médico-sociaux, afin d’aller toujours plus vers la patientèle.

 

Le GHOL est un superbe outil, avec un plateau technique performant. Tout est en place, après les travaux des hôpitaux de Rolle et de Nyon, pour un développement sain, grâce à un personnel engagé et loyal dans le but d’offrir un excellent accueil, des soins de haute qualité et une sécurité permanente pour la patientèle.