Entrevue avec le Docteur Laurent Christin à l’approche de son départ

A la fin de ce mois de février, le Docteur Laurent Christin, Médecin-chef co-responsable du service de médecine et des soins intensifs de l’Hôpital de Nyon et Directeur médical du GHOL quitte officiellement ces deux fonctions. L’occasion de revenir sur son parcours riche en expériences et (re)découvrir ce médecin passionné, profondément bienveillant. Après une vie entière au service des patientes et patients, un départ à la retraite conventionnel est-il une perspective envisageable ?


Dr Christin Laurent 

Le Docteur Laurent Christin, par le photographe Yann Mingard,

dans le cadre de l'exposition sur le thème du COVID-19 au GHOL en 2021

 

 

Suite à l’obtention de son diplôme de médecin à Lausanne, il évolue près de 10 années aux Etats-Unis, où il valide son titre de spécialisation en infectiologie. Comment a-t-il été amené à s’expatrier et qu’est-ce qui l’a conduit à revenir en Suisse, pour devenir médecin-chef de l’Hôpital de Nyon ?

Fraichement diplômé et passionné par l’étude du métabolisme, le Docteur Christin participe, aux côtés d’un confrère et ami, au projet de création d’une chambre métabolique à Lausanne. Fort du succès de cette innovation (une première, qui permet de mesurer les dépenses énergétiques d’une personne en analysant son métabolisme au cours d’un séjour de 24 heures dans cet espace clos), le concept s’exporte aux Etats-Unis, en Arizona, lieu de vie de la population indigène des Pimas. Cette population présente la particularité de compter une très forte proportion d’obèse et de diabétiques.

Après 2 ans de collaboration dans l’unité dédiée du National Institutes of Health à Phoenix en Arizona, le Dr Christin change d’institution et est admis comme médecin en formation en médecine interne dans un grand hôpital public de cette même ville, ceci pour une durée de trois ans, prolongée d’une année durant laquelle il assume la fonction de chef de clinique aîné (« chief resident »).

Il rentre alors en Suisse, titulaire du diplôme américain de spécialiste en médecine interne, pour rejoindre le service de médecine interne du CHUV où il passe deux ans. Son expérience américaine a fait germer un intense intérêt pour les maladies infectieuses et c’est vers cette spécialité, plutôt que les troubles métaboliques, qu’il cherche alors à se spécialiser. Cette formation et spécialité n’existant pas encore en Suisse à cette époque, il décide de retourner aux USA, à Boston, où il passera 5 ans pour obtenir le diplôme américain de spécialiste en maladies infectieuses.

Début 97, le Docteur Christin fait le choix, avec sa famille, de revenir dans son pays. Proche du Docteur Ralf Polikar, actuellement médecin agréé en cardiologie et médecin-chef du service de médecine et des soins intensifs à cette époque, ce dernier l’incite à venir travailler à l’Hôpital de Nyon afin d’apporter l’expertise qu’il a acquise outre-Atlantique, notamment dans les domaines des maladies infectieuses, de l’hygiène hospitalière et du bon usage des antibiotiques.  Le 1er avril 1997, le Docteur Laurent Christin devient donc médecin-chef co-responsable du service de médecine et des soins intensifs.

 

 

En 2010, il est nommé Directeur médical du GHOL. Nouveau défi adjoint à sa fonction de médecin-chef. Quel bilan retient-il de cette expérience ?

Un bilan riche et positif. Une fonction qu’il reconnaît cependant « challengeante » à certaines occasions lorsqu’elle devait être menée de front avec sa fonction de médecin-chef et considérant le fait qu’il était également un membre à part entière du collège des médecins-cadres du GHOL. Pourtant, ce qu’il en retiendra, sera la diversité des projets qui lui ont été confiés et la participation à toutes les questions stratégiques qui ont conduit au développement du GHOL tel que nous le connaissons aujourd’hui.

 

 

Une des réalisations, dans sa carrière, qu’il estime gratifiante

Sa contribution à la formation d’un grand nombre de médecins : la transmission et le partage du savoir, notamment dans le cadre du programme FormOL. Grâce au travail et à l’investissement des équipes du service de médecine, l’Hôpital de Nyon est récompensé d’un excellent score d’évaluation ISFM.

 

 

Grandement impliqué dans la formation post-graduée des jeunes médecins, quel (s) conseil (s) donnerait-il à la « relève » ?

« Faire des rencontres inspirantes ». En tant que médecin, se donner le temps de découvrir et pratiquer plusieurs spécialités, pour trouver celle qui nous correspond le mieux, sachant qu’ « on ne peut pas aimer quelque chose qu’on ne connait pas ». Il est également indispensable de faire preuve d’une capacité d’adaptation constante : accepter d’évoluer et de se réajuster à son environnement de travail, aux nouvelles pratiques et à la société.

 

 

Le Docteur Christin quitte deux fonctions principales mais va maintenir un rythme bien actif au GHOL, quels projets pour la suite ?

Il devient, à compter du 1er mars 2022, Médecin agréé en maladies infectieuses et conserve ainsi ses responsabilités de Président du comité d’hygiène et prévention de l’infection du GHOL. Au-delà de quelques jours de consultation ambulatoire par semaine, qui seront dédiées à la médecine interne générale, l’infectiologie et la médecine du voyage, il s’investit dans un projet qui lui tient à cœur et auquel il ne pouvait jusqu’alors consacrer tout le temps nécessaire : la guidance du bon usage des antibiotiques. Les démarches sont encore à leurs balbutiements sur notre territoire, un effort national important est en train de s’engager. AU GHOL, le Dr Christin travaillera, aux côtés de la Pharmacie centrale PIC et du Laboratoire de microbiologie, à l’analyse de la consommation des antibiotiques en milieu médical. Grâce à ces études, au conseil thérapeutique et à l’accompagnement des professions de la santé, il espère contribuer à la limitation de la propagation de la résistance aux antibiotiques, une priorité mondiale à l’agenda de l’Organisation Mondiale de la Santé.

Les collaboratrices et collaborateurs du GHOL ne manqueront donc pas de poursuivre, avec plaisir, leur travail avec le Docteur Laurent Christin, et de suivre les succès de sa « seconde » vie professionnelle, qui est simplement le prolongement de sa passion pour la médecine.

« Last but not least », il intègre également le Conseil d’administration du GHOL et continuera d’apporter son expertise médicale sur les questions stratégiques de l’institution.